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La méditation pour prévenir le stress et l'anxiété des enfants et ados


D’abord plébiscitée par les adultes pour surmonter un rythme de vie en accélération constante, la méditation offre aussi aux plus jeunes des bulles de déconnexion.


Cours particuliers, activités extrascolaires, les enfants sont soumis de plus en plus tôt à une injonction de performance et peuvent, comme leurs parents, être sujets au stress ou à l’anxiété.

Passer en mode pause

"J’avais beaucoup de pensées angoissantes. Je me suis mise à méditer et, très vite, j’ai ressenti un mieux-être, l’impression d’être plus concentrée", se remémore Agathe, 18 ans, qui s’est initiée, il y a deux ans, à la méditation de pleine conscience.


L’objectif ? Mettre le cerveau en pause, porter son attention sur ce qui se passe à l’intérieur de soi, dans le moment présent.


Développée initialement par le médecin américain (Jon Kabat-Zinn) pour diminuer le stress chez les adultes, cette méthode s’inspire à la fois de la pratique ancestrale et des apports des neurosciences.


Popularisée en France grâce au best-seller "Calme et attentif comme une grenouille" d’Eline Snel, la méthode des adultes devient ludique et amusante pour les plus jeunes.


Pour la psychologue, il y a en effet une "urgence à ralentir". Stimulés en permanence dès le plus jeune âge, les enfants sont soumis à une pression considérable. "Il y a une injonction de réussite à l’école à laquelle s’ajoutent des activités extrascolaires en pagaille et la présence croissante des écrans", explique Jeanne Siaud-Facchin, auteur de "Tout est là, juste là". Résultat : un emploi du temps surchargé et peu de place à l’ennui. Pourtant, selon la clinicienne, il est indispensable que les enfants retrouvent "ces moments de rien", terreau fertile pour l’imagination. "Lorsque le cerveau n’a rien à résoudre, des connexions se feront sur un mode aléatoire, ce qui va stimuler la créativité", détaille-t-elle. La pratique de la méditation va permettre cette pause nécessaire dans l’activité cognitive de l’enfant.


Apprendre à être soi


Juliette Tronel-Mélois, instructrice, accompagne les petits méditants à partir de 4 ans. "Au moment de la méditation, je vais les aider à être dans leur corps, à ressentir leur respiration par exemple." Les yeux clos ou mi-clos, l’enfant va alors être invité à ressentir l’air passer par le nez, les poumons se gonfler puis se dégonfler. Il expérimente l’attention portée à la marche, le poids du corps exercé sur une jambe, puis sur l’autre. Entre les cours, ils reproduisent des exercices appris pour être autonomes dans leur pratique. Et alors que les enfants entendent constamment les injonctions "Fais attention !" ou "Calme-toi !", sans avoir vraiment appris comment y parvenir, ils ont, le programme fini, ces outils à disposition.


C'est aussi un refuge pour les adolescents particulièrement sensibles à l’atmosphère anxiogène de l’époque. "Certains ont besoin de comprendre, de dépasser une certaine souffrance sans passer forcément par la case psy, de peur d’être catalogués “malades”, pose Soizic Michelot, instructrice de pleine conscience pour les 14-20 ans. "Méditer n’est pas stigmatisant. Ils ne se sentent pas jugés et cela fait sauter les mécanismes de défense", poursuit celle qui est également la coauteur de "Comment ne pas finir comme tes parents, la méditation pour les 15-25 ans", un manuel explicatif au ton léger, qui aborde avec justesse les ressorts de cette période charnière dans la construction de soi.


Oublier la performance

Comme Agathe, Clara, aujourd’hui âgée de 20 ans, confie être angoissée par la peur de ne pas être à la hauteur. "J’avais des migraines et des ruminations. Aujourd’hui, tous mes maux de tête liés au stress ont diminué", témoigne-t-elle. Elle dit y avoir appris la bienveillance. Envers les autres, mais avant tout envers elle-même. "Quand j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, j’angoissais. Alors que j’arrive maintenant à avoir des pensées positives et à me dire “c’est bien, tu as déjà fait ceci ou cela”.


De plus en plus sollicitée, la méthode se développe rapidement dans l’Hexagone. Le philosophe émet cependant quelques réserves face à cet engouement. Le fondateur de l’École occidentale de méditation (Fabrice Midal) craint une gadgétisation de la pratique et un détournement de son fondement éthique. Pour celui qui est l’un des principaux enseignants de la discipline en France, qu’importent les protocoles et les techniques méditer est précieux, "car c’est un espace de gratuité à soi, qui permet aux enfants d’être profondément eux-mêmes. La méditation, ce n’est pas de la Ritaline, martèle-t-il. Ce n’est pas apprendre à être sage, c’est apprendre à être humain".

Source : Emeline Le Naour, Le Figaro, le 17/08/2016

http://madame.lefigaro.fr/enfants/meditation-stress-anxiete-enfants-ados-170816-115724

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