Ivresse des adolescents, question de contexte
Les épisodes d’alcoolisation aiguë et l’intoxication chronique des adolescents exposent à des risques accrus de violences, d’accidents, d’abus sexuels, de décrochage social et de suicides.
Les volumes ingérés et les troubles ressentis sont influencés par des facteurs biologiques tels que la sensibilité à l’alcool, variable notamment en fonction de l’âge et du sexe.
Par ailleurs la consommation alcoolique et les problèmes liés à l’alcool sont très dépendants de facteurs sociaux et environnementaux. et prédomine le soir et les week-ends.
Cette enquête rétrospective allemande avait pour but de préciser le contexte des épisodes d’alcoolisation aiguë chez l’adolescent.
Elle a réuni les données de 5 hôpitaux à Dresde, Münich et Rostock pour les années 2000 à 2006. Les 1 441 patients hospitalisés pour ivresse aiguë dans ces établissement et pendant cette période étaient âgés de 11 à 17 ans ; 40 % (577) étaient des filles, leur âge moyen était de 15,3 ± 1,3 ans et celui des garçons comparable : 15,5 ± 1,3 ans.
Surtout la nuit et le week-end
L’alcoolémie des garçons (1,7g/L ± 0,6) était en moyenne plus élevée que celle des filles (1,5g/L ± 0,6, p < 0,05).
La majorité des filles (70,9 %) et des garçons (68,6 %) avaient été admis les week-ends et pendant la nuit (filles 86,8 % garçons 82,5 % [p < 0,05]).
Les filles avaient plus souvent bu en public (34,5 %) que les garçons (27,6 %, p < 0,05).
Les circonstances de l’alcoolisation différaient selon le sexe ; les filles s’y étaient plus souvent adonnées pour surmonter des problèmes (11,8 %) que les garçons (5,7 %, p < 0,05).
A la fois, les filles (36,4 %) et les garçons (39,6 %) avaient souvent bu à l’occasion d’une partie ou de festivités avec des amis ou la famille ; dans les deux sexes, 10 % rapportaient avoir bu au cours d’un évènement public.
Dans le temps, le lieu des beuveries a évolué, plus privé en 2004 (65,7 %), moins en 2005 (48,7 %).
La majorité des filles (57,7 %) et des garçons (61,5 %) ont été admis à l’hôpital à partir d’un lieu public : les garçons plus souvent dans la rue ou un site public et les filles dans des pubs ou bars ; dans l’ensemble, la vaste majorité des adolescents ont été trouvés ivres dans un lieu public avec des variations annuelles (minimum 65,1 %, maximum 80,3 %).
L’analyse par régression multiple a montré que le contexte de l’ivresse pouvait partiellement prévoir le taux de l’alcoolémie : plus élevée lorsque les adolescents avaient été admis à partir d’un lieu public, étaient des garçons et étaient plus âgés, moins élevée en cas d’intoxication pour surmonter un problème.
Cette étude montre que le contexte de l’intoxication est un facteur important pour prédire sa sévérité, en particulier le lieu, les circonstances et le sexe de l’adolescent.
Ces facteurs pourraient jouer un rôle pour les mesures préventives.
Source : Pr Jean-Jacques Baudon : http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/ivresse_des_adolescents_question_de_contexte_164330/document_actu_med.phtml