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Pédagogie différenciée


Voici un petit pense-bête, à la fois théorique et pratique, permettant de favoriser la mise en place de pratiques différenciées dans sa classe.


1/ Dans une classe, l’hétérogénéité est la règle ! L’homogénéité étant l’exception, il faut cesser d’être surpris de ne pas pouvoir faire avancer tout le monde de la même manière même si les programmes en donnent l’illusion.


2/ La différence entre élèves est normale ! Qu’il s’agisse d’écarts de vitesse, d’autonomie, de motivation, d’intérêt, de compréhension, on ne peut plus être « indifférents aux différences » mais devons inclure cette approche dans le fonctionnement habituel de la classe.


3/ Dans aucune classe, le travail est accompli en même temps avec la même efficacité. Il est donc nécessaire d’anticiper sur ces différences d’autant plus qu’un travail inadapté et l’attente sont des facteurs inducteurs de désordre. C’est donc à tout moment qu’un élève doit pouvoir trouver un travail intéressant à faire.


4/ La différenciation n’est pas un problème, c’est une solution ! Ça peut sembler difficile, surtout pour une pratique que l’on n’a le plus souvent ni vue ni vécue. Mais il est encore bien plus difficile de s’en tenir à la coercition. La souplesse pédagogique est la vraie rigueur, la rigidité étant signe de laxisme.


5/ Tous les élèves ont besoin de différenciation ! Dans un système scolaire où trop d’élèves s’ennuient, il faut aussi penser la pédagogie différenciée à destination des meilleurs élèves.


6/ La différenciation n’est pas le différentialisme ! Il ne s’agit pas d’enfermer un élève mais de lui permettre de s’en sortir. C’est justement le moyen d’échapper au déterminisme et à la reproduction sociale.


7/ L’individualisation s’équilibre avec une pédagogie coopérative. La différenciation ne consiste pas à personnaliser en permanence le travail de l’élève mais à l’adapter au bon moment. La coopération entre élèves garantit l’échange, l’entraide, la communication, le tutorat, la vie de classe.


8/ Pour différencier le travail des élèves, on doit actionner tous les leviers d’une classe :

  • Le temps (en donner plus ou moins)

  • La difficulté (graduer le travail autour d’une même notion avec des exercices différents)

  • Les outils (autoriser ou pas le dictionnaire, le cahier de leçons, les anciens exercices, les affichages…)

  • La quantité (plus ou moins de travail à faire en un même temps)

  • Les aides (avec ou sans celles de l’adulte ou des camarades)

  • L’autonomie (un travail aux étapes indiquées ou pas)

  • L’organisation (temps de travail collectif et individuel)


9/ Inverser l’idée qu’on se fait du travail collectif en classe : non pas une tâche que ne finissent jamais les derniers mais un travail que tout le monde réalise, la différenciation intervenant pour ceux qui ont réussi le plus vite au travers d’activités en autonomie :

  • Approfondir par un autre exercice

  • Ecrire un texte libre qu’on présentera à la classe

  • Effectuer des recherches pour un exposé à venir

  • Mémoriser sa poésie, une chanson, une leçon, son texte de théâtre (selon projet)

  • Fabriquer un exercice ou un jeu en lien avec le travail collectif

  • Mettre à jour sa correspondance (lettre, invention de jeux, mise au propre)

  • Lire en silence (notamment pour préparer une présentation d’ouvrage à la classe)

  • Préparer une lecture pour une autre classe (notamment maternelle)

  • Faire des jeux d’entraînement sur l’ordinateur

  • Rédiger son courrier pour les boîtes aux lettres de la classe (propositions, problèmes, félicitations…)

  • Illustrer sa poésie, sa correspondance, avancer dans le projet d’arts visuels

  • Créer une construction géométrique pour la classe (mesurer, tracer, utiliser les outils)

  • Avancer dans son plan de travail notamment dans les fichiers de lecture ou de maths

  • Faire des jeux : sudoku, mots mêlés, mots croisés, charades…

  • Aller aider les autres qui le demandent et sans faire à leur place


Dans ce cadre, la pratique du plan de travail reste très accessible. Les élèves ont un nombre minimum de tâches à effectuer au moment prévu à l’emploi du temps (30 minutes à une heure par jour) ou quand ils ont fini un travail collectif. Ils renseignent au fur et à mesure un tableau à double entrée pour que l’enseignant puisse suivre l’avancée du travail.


10/ Quand un enfant dit « j’ai tout fait ! », ne pas lui dire d’ouvrir la fenêtre ;-) mais lui demander ce qu’il aimerait faire maintenant. On sera parfois surpris des bonnes idées que peuvent avoir les élèves pour occuper leur temps intelligemment.


+1/ Bonus de mise en garde : la pédagogie différenciée demande à l’enseignant une remise en cause de l’approche traditionnelle d’enseignement. Elle peut être source de travail supplémentaire pour sa mise en place. Elle réclame un certain niveau de maîtrise et d’expertise.

Pourtant, le plus difficile peut être à venir ! En effet, la prise en compte des difficultés de l’élève peut être rejetée par les parents qui peuvent vivre cette adaptation comme une discrimination. Certains préfèrent que leur enfant soit en échec en faisant comme tout le monde plutôt que de le voir réussir un travail à part et adapté. Il en est de même parfois pour les élèves.


Autant dire que cette pratique s’accompagnera nécessairement d’une bonne communication avec les parents, les élèves, les collègues, mais aussi d’un climat de classe apaisé, confiant et bienveillant.


Source : Sylvain Grandserre, Maître d’école (CM1/CM2) en Haute-Normandie : http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2017/03/29032017Article636263695935199961.aspx#.WNupV3p43R8.linkedin


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